La sécurité privée en urgence absolue

Alors que cette semaine le rapport des députés Fauvergue et Thourot qui devrait dessiner la mise en œuvre du continuum entre la sécurité publique et la sécurité privée demandé par le ministre de l’intérieur Gérard Collomb, est publié, les leaders du marché français de la sécurité privée forment un collectif, alertent sur leur équilibre financier et appellent à l’union syndicale. Le collectif « Urgence Sécurité » alerte une fois de plus sur la situation de crise à laquelle la profession est aujourd’hui confrontée. Il dénonce le paradoxe auquel le secteur est soumis avec d’un côté des exigences toujours plus importantes pour contribuer à la sécurité des Français et, de l’autre une érosion continue de leur marge. Celle-ci est la conséquence de la hausse importante de leurs couts en particulier suite aux nouvelles obligations réglementaires de formation de leur personnel et la pression simultanée et insoutenable sur les prix d’un grand nombre de leurs clients.

 

Les sociétés de sécurité privée qui emploient plus de 150.000 salariés sont un maillon clé et reconnu de la sécurité de la Nation. Depuis plusieurs années maintenant, elles font face à des exigences nouvelles sous l’effet notamment de la pression terroriste et du renforcement des mesures sécuritaires dans le cadre du continuum entre sécurité publique et sécurité privée souhaité par le ministère de l’Intérieur. Ces obligations nouvelles nécessitent des investissements significatifs. A titre d’exemple, le renouvellement obligatoire des cartes professionnelles, et l’organisation de stages de maintien et d’actualisation des compétences (MAC) ont déjà coûté 30 millions d’euros par an à la profession.

Parallèlement, ces entreprises ont vu leurs marges s’écrouler quand le secteur présente pourtant une croissance de plus de 2,5 % par an.

« La sécurité est aujourd’hui un enjeu de société qui doit tous nous mobiliser. Malheureusement, nous, entreprises de sécurité privée, sommes trop souvent face à certains donneurs d’ordre trop nombreux qui ont tendance à privilégier uniquement la question du coût et exercent une pression insoutenable sur les prix. Consécutivement nous sommes confrontés à la concurrence de sociétés qui ne respectent ni le code de sécurité intérieure ni les réglementations sociales et fiscales. Disons-le clairement : aujourd’hui, pour assurer notre mission et répondre aux exigences des clients, pour permettre à notre personnel, agents et encadrants, de monter en compétences – en un mot, pour faire notre travail –, nous avons besoin de moyens dont nous ne disposons plus. » clament les représentants du collectif, parmis lesquels figurent  Elias Nahra, Frédéric Gauthey, Gilles Lafon, Gérard Martin, Guy Roulleau, Michel Mathieu, Patrick Senior, Pierre Brajeux, Simon Hoayek, Thierry Le Marec ; dirigeants des entreprises : BSL Sécurité, Byblos Group, Fiducial Sécurité, Main Sécurité, Prosegur, Samsic Sécurité, Securitas, Seris Security, Torann-France et Triomphe Sécurité.

Depuis le 1er janvier dernier, la perte de 1 % du CICE est venue encore aggraver la situation en entrainant un nouveau surcoût annuel de plus de 30 millions d’euros.

Les syndicats professionnels ont alerté maintes fois sur la situation d’urgence dans laquelle se trouve la profession. « Mais ces alertes sont restées lettre morte du fait de l’émiettement de la représentation patronale. Aujourd’hui, nous avons décidé de créer le collectif Urgence Sécurité pour agir et porter trois combats prioritaires. »

En premier lieu, la mise en place réglementaire d’une caution de garantie financière afin de mettre un terme à la concurrence déloyale d’entreprises qui se créent par effet d’aubaine alors qu’elles ne présentent pas de garanties suffisantes en fonds propres et sont souvent loin d’être exemplaires dans leurs pratiques sociales et fiscales.

Le collectif demande également l’interdiction de la sous-traitance en cascade, action impossible à ce jour sans modification de la loi. « Celle-ci est nécessaire pour faire la transparence sur la responsabilité de chaque acteur de la chaîne. » 

Ils demandent, enfin, que soient fournis au Conseil national des Activités privées de Sécurité (CNAPS) plus de moyens juridiques pour lutter contre les pratiques de dumping. « Il faut encadrer voire sanctionner les donneurs d’ordre et prestataires qui adoptent ce type de pratique et dénoncer publiquement ces agissements pour ainsi les prévenir. »

Le collectif se donne pour mission de rassembler la profession et de parvenir à l’unification des deux syndicats représentatifs pour reconstruire la crédibilité à long terme de métiers de la sécurité privée. Il fonctionnera comme une plateforme collaborative des acteurs et syndicats de la profession pour parler d’une seule voix et AGIR.

« Nous sommes prêts à prendre des engagements clairs en matière de professionnalisation de nos agents, à nous doter de labels qualité garantis par des audits officiels. En contrepartie, nous demandons à nos clients de reconnaître ces labels et d’en respecter la valeur ainsi que celle de notre profession et de nos collaborateurs et par voie de conséquence d’accepter de la rémunérer à un prix correspondant à la réalité économique. Nous appelons tous les acteurs du secteur à venir rejoindre notre collectif pour bâtir ensemble l’avenir de la profession. »

 

Les signataires représentent 55 000 salariés et 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit plus de la moitié du marché français de la surveillance humaine.