Partenariat franco-britannique de défense et de sécurité : améliorer notre coopération

L’avenir de la coopération franco-britannique en matière de défense et de sécurité est interrogé par le contexte actuel. Pourtant, plus que jamais, alors que le Brexit s’apprête à devenir une réalité et que les menaces terroristes sont omniprésentes, l’Europe a besoin d’une relation forte entre la France et la Grande-Bretagne; les deux seules véritables puissances militaires du continent.

Saisi par cette réalité, le groupe de travail franco-britannique, réuni par l’Institut Montaigne et le Policy Institute at King’s College London, publie aujourd’hui le rapport Partenariat franco-britannique de défense et de sécurité : améliorer notre coopération. Sous la présidence de Bernard Cazeneuve et de Lord Robertson, cette initiative binationale a réuni pendant près d’un an vingt experts de haut niveau, anciens dirigeants politiques, diplomates, militaires, intellectuels ou chefs d’entreprise.

lls y formulent une série de propositions stratégiques, à l’attention des dirigeants des deux pays, pour s’assurer que le Brexit ne mette pas en péril notre sécurité collective tout en fournissant à leurs armées les capacités militaires nécessaires pour gagner ensemble les guerres de demain et renforcer leur influence internationale.

“Une relation fragile ou fracturée entre le Royaume-Uni et la France mettrait en péril notre sécurité et celle des autres pays à l’échelle européenne et mondiale. Aussi nécessaire qu’elle soit, cette coopération n’a pourtant jamais été aussi précaire. Devant cette urgence, nous formulons conjointement des propositions concrètes pour donner un nouvel élan à ce partenariat historique fondé sur des valeurs et des ambitions partagées.” déclarent Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre et Lord Robertson, ancien secrétaire général de l’OTAN, tous deux co-présidents du groupe de travail.

3 grandes orientations sont proposées pour assurer l’avenir de la coopération en matière de défense et de sécurité.

I. Dans un premier temps, tout doit être mis en œuvre pour que le Brexit ne mette pas en péril la sécurité européenne.

Les questions de sécurité doivent être séparées et protégées du reste des négociations du Brexit. Des accords peuvent être noués pour faire du Royaume-Uni un partenaire privilégié afin de maintenir la coopération policière et judiciaire ainsi que les échanges de données, décisifs dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Pour ce faire il paraît envisageable de réviser le statut des pays tiers. Il conviendra également, spécialement pour le Royaume-Uni, de trouver des compromis sur les questions les plus difficiles, telles que la juridiction de la cour de justice de l’Union européenne et le degré d’association aux processus de décision. La coopération transfrontalière mise en place par les accords du Touquet et de Sangatte devra également être préservée.

II. Il est ensuite essentiel de mettre pleinement en œuvre les traités de Lancaster House.

A cet égard, l’opérationnalisation pleine et entière de la Force expéditionnaire conjointe, qui pourrait utilement être articulée avec la nouvelle Initiative européenne d’intervention (IEI), revêt une importance particulière. L’impulsion politique ayant toujours joué un rôle majeur dans les succès de la coopération franco-britannique – et son absence dans ses échecs –, il est souhaitable de renforcer le dialogue stratégique en créant un Conseil franco-britannique annuel de défense et de sécurité, complété par un dialogue « 2+2 » (ministres des affaires étrangères et ministres de la défense) plus régulier et un dialogue « Quint » entre les chefs des principaux services de renseignement.

III. Il faut enfin adapter notre partenariat pour nous préparer, ensemble, aux guerres de demain.

La collaboration entre nos services de renseignement gagnerait à être structurée, notamment pour progresser dans le domaine de la cybersécurité, qui doit devenir un nouveau pilier de notre partenariat (doctrine commune, développement conjoint de technologies clés dans le cryptage des données, la détection et l’identification des cyberattaques, l’intelligence artificielle), moyennant des clauses de confidentialité et d’exclusivité permettant de dépasser les difficultés posées par l’alliance « Five eyes », à laquelle le Royaume-Uni participe et non la France. Une vision stratégique commune doit être développée en matière de R&D, identifiant les technologies clés et les opportunités de collaboration et débouchant sur le développement conjoint de capacités. A ce titre, la poursuite du projet « FCAS » de système de combat aérien du futur, pour lequel nos deux pays disposent de compétences uniques et portent des exigences opérationnelles communes, apparaît particulièrement décisive pour l’autonomie stratégique du continent européen, même si ce projet devra sans doute, à terme, être rapproché du projet franco-allemand d’avion de combat du futur.

Pour visionner l’interview vidéos des deux co-présidents du groupe de travail : cliquez-ici

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