Pour une meilleure sécurité en Afrique

Le salon international de la Sécurité et de la Défense ShieldAfrica aura lieu du 22 au 24 janvier 2019 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Avec ses 30,37 millions km² de superficie, le continent africain est riche en ressources naturelles fortement convoitées. Comment s’adaptent les Etats pour se prémunir des attaques aussi bien intérieures qu’extérieures qui menacent leur développement et leur sûreté ?

Par Céline Brunetaud

« L’Afrique est un grand continent qui est riche de sa jeunesse et de ses ressources. Ce quil faut à l’Afrique aujourdhui, cest une stabilité. Et, cette stabilité passe par quelques facteurs dont la sécurité », indiquait Hamed Bakayoko, alors ministre ivoirien de l’Intérieur et de la sécurité, lors du dernier salon ShieldAfrica en 2017. Sécuriser les frontières revient à lutter contre toutes sortes de menaces à l’instar du terrorisme, de la migration illégale, du trafic humain, du crime organisé ou bien encore des risques sanitaires. Or, en Afrique, les frontières sont nombreuses, perméables, très étendues, parfois mal définies. Les élongations, la nature du terrain (déserts ou forêts), linsuffisance des moyens, rendent leur contrôle difficile.

Deux piliers

Le développement de lAfrique repose sur deux piliers : dune part l’éducation et la formation de sa population, et dautre part, une croissance forte de l’économie. Ces deux axes présupposent la sécurité des personnes et des biens ou fiduciaire, des moyens de transport, des ports et des aéroports, des frontières fonctionnelles, des grands événements, une gestion démocratique des foules, des moyens de prévention et dintervention face aux catastrophes naturelles et industrielles, etc. Ces dernières doivent par conséquent être régulées, mais rester fluides pour assurer la libre circulation des biens et des personnes. Le Programme frontière de l’Union africaine (PFUA), créée en 2007, visait à prévenir, à résoudre les conflits liés aux frontières et à promouvoir l’intégration régionale et continentale. Or, en 2017, selon le PFUA, 35 % des frontières en Afrique sont définis. L’Union africaine révèle que, depuis 40 ans, 57 % des cas de contentieux territoriaux (en matière de délimitation maritime et terrestre) dans le monde portés devant la Cour internationale de Justice concernent le continent. Les frontières sont un enjeu régalien pour les États qui doivent les contrôler pour garantir leur souveraineté.

Ressources naturelles

Pourtant, la dernière étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm sur les grandes tendances des dépenses mondiales pour la sécurité et défense, indique qu’en 2017, les dépenses africaines dans ce domaine restent faibles. Elles s’élevaient à 42,6 milliards de dollars (sur un total mondial de 1 739 milliards de dollars) soit diminué de 0,5 % en 2017. Cest la troisième baisse annuelle consécutive depuis le pic des dépenses enregistré en 2014. L’essentiel de la « dépense subsaharienne » se répartit entre quatre états : lAngola, le Nigeria, lAfrique du sud et le Soudan. Lobjectif principal de ShieldAfrica est daccompagner le développement de lAfrique. « La 5e édition traitera des multiples besoins en sécurité du continent avec un focus spécial sur les frontières. LAfrique daujourdhui regorge de ressources naturelles (agricoles, minières, énergétiques, aquifères, etc.) qui sont exportées dans le monde sans être transformées sur le continent. Pour développer des industries de transformation, génératrices demplois, il faut des voies de communication performantes et des frontières ouvertes, sûres et régulées pour éviter tout trafic, tout en restant des zones dynamiques d’échange permettant de manière fluide la mobilité des personnes et le transit des marchandises », affirme Irina Lamour, chargée de communication et de relations presse au COGES. Puisque les besoins sont élevés, les industriels exposant à ce salon proposeront des solutions dans le domaine de la couverture radar, du matériel roulant, des avions de transport et aéronefs dobservation (avions, hélicoptères, drones), des équipements non létaux de sécurité et de contrôle des foules. En 2017, des exposants de 25 pays parmi lesquels lAustralie (MINELAB AMERICAS), le Canada (CAMBLI GROUP INC), la Corée du Sud (JINO MOTORS), les États-Unis (OPTIMUM VEHICLE LOGISTICS (OVL), la Finlande (ENVIRONICS OY), la France (RENAULT TRUCKS DEFENSE SAS), la Russie (ROSOBORONEXPORT JSC), etc. ont présenté leurs produits et services.

I-ONE

Outre la préservation des ressources, la solution résiderait en des administrations de douanes modernes et performantes ainsi que des structures régionales de coopération entre les pays, dynamiques et efficaces. L’objectif étant de lutter contre la criminalité transnationale panafricaine. C’est là tout l’enjeu de I-ONE lancé par Interpol en mars 2018. « Le renforcement de la sécurité aux frontières est la première ligne de défense pour empêcher les déplacements des malfaiteurs dun pays à l’autre. I-ONE améliore les capacités des bureaux centraux nationaux africains afin quils puissent coordonner un contrôle systématique et automatique des voyageurs », a déclaré Alfredo Eduardo Mingas, président de la SARPCCO (Southern African Régional Police Chief Council Organisation). Grâce à I-ONE, les policiers de première ligne dans les aéroports et les ports maritimes ainsi quaux points de passage frontaliers terrestres auront un accès à I-24/7 qui est le réseau mondial de communication policière sécurisée d’Interpol. Trente-et-un pays participent à l’initiative I-ONE. Les bureaux centraux nationaux se verront doter de nouveaux équipements pour tirer parti des services et des capacités en matière de police. « Avec I-ONE, les policiers africains vont pouvoir coopérer, non seulement au niveau régional mais dans toute lAfrique, afin que, dans l’intérêt de la sécurité régionale et mondiale, aucun dentre eux ne se laisse distancer », a souligné rgen Stock, Secrétaire général d’Interpol.

Encadré :

ShieldAfrica se veut une plateforme de rencontre entre les responsables de la sécurité en Afrique et les industriels du monde entier qui proposent des solutions fiables et éprouvées. Il est constitué de deux événements complémentaires. Le premier, une conférence donnée à l’hôtel Ivoire d’Abidjan, le 21 janvier. Elle sera parrainée par le ministère dÉtat et le ministère de la Défense. La conférence aura pour sujet « Des frontières terrestres, maritimes et aériennes vivantes et régulées, condition du développement de lAfrique. » Le second, un salon du 22 au 24 janvier 2019, sous le parrainage du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Celui-ci se tiendra au sein de lécole de Police dAbidjan. En 2017, plus de 3 200 visiteurs professionnels de 64 pays sont venus au salon.