Vers une approche globale de la gestion de crise

Face aux risques de natures diverses : majeurs, naturels, technologiques ou terroristes, la gestion de crise et la résilience des territoires se trouvent plus que jamais mises à rude épreuve. Après les attaques terroristes du début d’année, la région de l’Aude vient de subir dernièrement de terribles inondations meurtrières.

« Les risques protéiformes auxquels nous sommes confrontés, touchent des personnes ordinaires, des publics non avertis. Des efforts doivent être portés sur la vigilance, l’information préventive ou encore la sensibilisation en milieu scolaire. Mais lorsque des évènements surviennent aussi brutalement, la gestion de la crise peut être complexe, pour des organisations ou des collectivités insuffisamment préparés ! » explique Delphine Arias-Buffard, Directrice des relations institutionnelles chez Deveryware.

En quelques heures seulement, c’est l’équivalent de trois mois de pluie qui s’est abattu sur la région. Un épisode inédit depuis 127 ans faisant référence à la crue de 1891. Un phénomène décrit par le Maire de Trèbes comme « imprévisible et insurmontable » dans les médias. Dans le même temps, la Bourgogne a connu un épisode de sécheresse et l’ensemble du territoire national a bénéficié de températures anormalement douces pour un mois d’octobre. Il n’avait pas fait aussi chaud à cette période de l’année dans la capitale depuis 1921 selon Météo France.

Ces anomalies climatiques sont intervenues quelques jours après le rapport du GIEC, les experts de l’ONU sur le climat, en appellent à une transformation rapide de l’économie. « Cela est nécessaire pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C d’ici la fin du siècle. Or, en l’état, cette hausse du mercure pourrait être atteinte entre 2030 et 2052 si aucun effort supplémentaire n’est consenti par l’Humanité. » engendrant les conséquences que nous pouvons imaginer.

Mais déjà, la réalité nous rattrape bien avant ces échéances qui peuvent paraître lointaines. Et force est de comprendre que de nombreuses crises climatiques ou autres sont à redouter dans un futur plus ou moins proche. Dès lors, les territoires, les collectivités et les entreprises doivent mieux intégrer cette nécessaire anticipation et maîtrise des situations d’exceptions. « Au-delà de la prise de conscience, de la prise en compte de l’importance de la dimension gestion de crise, l’anticipation est un volet sur lequel nous devons accompagner les acteurs du territoire. L’objectif étant de s’orienter vers une amélioration des plans communaux de sauvegarde, des exercices, des bonnes pratiques, des réflexes mais aussi du volet continuité et reprise d’activité. Lorsque l’évènement se produit, les réflexes de protection ou de mise à l’abri sont par exemple encore trop tardifs ou inexistants. » ajoute Delphine Arias-Buffard.

Vers une approche globale et numérique

Pour y parvenir l’autocritique des plans communaux, la formation et les outils de gestion de crise sont essentiels. « En cas de crise, tous les acteurs doivent pouvoir communiquer facilement, rapidement et partager de nombreuses informations. L’objectif est de réagir vite ! En intégrant Resiliency au portefeuille Deveryware, nous allons dans le sens de la coopération et de la co-production qui sont vitales » commente Christian Sommade, Directeur Exécutif de Resiliency, filiale du Haut Comité Français pour la Défense Civile, rachetée récemment par Deveryware et Techwan, et de poursuivre « l’interopérabilité des solutions et des outils, des réponses coordonnées, simplifiées et numérisées au profit des entreprises, des collectivités avec des coûts optimisés et intégrés » voici ce que nous apportons pour répondre aux besoins des acteurs de terrain.

Dans cette approche globale de résilience, l’alerte et la sauvegarde des populations sont de la responsabilité du Maire : « Le Maire établit un document d’information qui recense les mesures de sauvegarde répondant au risque sur le territoire de la commune, notamment celles de ces mesures qu’il a prises en vertu de ses pouvoirs de police (…) » (Décret du 11 octobre 1990). Consultable en mairie, le DICRIM contient les données locales nécessaires à l’information des citoyens au titre du droit à l’information. Élaboré à partir des informations disponibles transmises par le Préfet, il contient quatre grands types d’informations : la connaissance des risques naturels et technologiques dans la commune, les mesures prises par la commune, avec des exemples de réalisation, les mesures de sauvegarde à respecter en cas de danger ou d’alerte et le plan d’affichage de ces consignes. « L’objectif de l’information préventive est de rendre le citoyen conscient des risques majeurs auxquels il peut être exposé. Informé sur les phénomènes, leurs conséquences et les mesures pour s’en protéger et en réduire les dommages, il sera ainsi moins vulnérable… » explique Delphine Arias-Buffard.

Le Maire doit donc avoir connaissance de son environnement « la cartographie du territoire et des enjeux est alors essentielle, avec des informations qui sont actualisées automatiquement en temps réel. Une gestion intégrée de la situation : déploiement et retour des alertes, main courante et tableaux de bords des actions entreprises, communication collaborative entre acteurs sont essentiels pour protéger les citoyens, réduire les impacts et accélérer la reprise d’activité. C’est un impératif pour répondre aux enjeux actuels et futurs » souligne Christian Sommade et d’ajouter « il faut donner les moyens aux acteurs qui sont sur le terrain de pouvoir réagir rapidement en disposant de toutes les informations précises et actualisées. Des informations précieuses qui concourt aussi au principe d’anticipation. Avec les performances du numérique, la corrélation des données peut ainsi s’avérer décisive. »

Puisque notre société française est extrêmement connectée (67 % des français sont des mobinautes et 82% accèdent à l’internet sur mobile), les élus locaux doivent pouvoir bénéficier d’outils numériques pour pouvoir mieux informer digitalement les citoyens sur les risques en reprenant les éléments du DICRIM (le document d’information communal sur les risques majeurs).

Les nouvelles technologies mobiles permettent ainsi de mieux gérer les situations d’urgence auxquelles peuvent être confrontés les citoyens et d’autre part, d’offrir une plus grande efficacité d’intervention des services de secours (définition des zones à risque, alerte ciblée, diffusion temps-réel des comportements à adopter, géolocalisation des personnes, gestion des demandes d’assistance.) « Le numérique est alors un atout permettant agilité et réactivité, le tout en temps réel » précise Delphine Arrias-Buffard. Dès l’envoi du message d’alerte, l’autorité pourra diffuser, analyser, visualiser des informations spatiotemporelles et réduire les conséquences humaines des catastrophes.

Dans le cadre des entreprises, la problématique en cas de crise est différente. Les implantions peuvent être nombreuses, sur des territoires plus étendus, et les flux logistiques représentent une problématique à part entière. L’approche intellectuelle, les échelles, les fonctionnalités sont différentes mais les outils sont en revanche similaires.

Next step

Deveryware et Resiliency travaillent à améliorer la précision de géolocalisation dans des environnements dégradés, et au développement d’outils d’évaluation des dommages en situation de post-crise1. Des exercices grandeur nature sont programmés pour 2019. La simulation en matière de cartographie est aussi un axe d’effort important et représente des pistes d’amélioration pour aider à la prise de décisions. Enfin, pour être efficace et répondre aux enjeux de mobilité de notre société, il est essentiel de développer des outils interopérables à dimension européenne. À l’issue des projets européens Soteria et Nexes, la première solution du marché conforme au nouveau standard PEMEA, qui offre la possibilité à toute application de pouvoir accéder au centre d’urgence 112 le plus proche, et échanger des données vitales a été développée et mise en production par GHALE. Cette plateforme est actuellement en phase de déploiement dans plusieurs pays européens.

1 Projet européen POCRISC (Feder)