Face à un éventail de risques ayant crû en intensité, en qualité et en complexité, l’ensemble des administrations organisent la protection civile de leur pays. « La sécurité civile doit être considérée comme partie intégrante d’un concept général de sécurité », souligne Éric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Au niveau étatique, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), dirigée par le préfet Michel Papaud, est garante de la cohérence de la sécurité civile au plan national, de la définition de la doctrine et de la coordination des moyens. « Une mission partagée » selon lui avec les industriels réunis ce jour-là : « Vous êtes à nos côtés pour constituer des modules, des capacités qui comprennent à la fois des hommes, des équipements et une doctrine d’emploi en vue d’obtenir un résultat. Cela suppose la prise en compte d’un certain nombre de contraintes : les besoins de ces modules en efficacité, la sécurité des agents, le déploiement opérationnel et les objectifs à atteindre dans le cadre de la mission publique d’État qui nous est confiée », ajoute Michel Papaud.
Entre besoin opérationnel et traduction technique
Au-delà des compétences techniques pour produire des solutions, la capacité à faire le lien entre le besoin opérationnel et sa traduction technique est vitale. L’efficacité du résultat de la mission ne résulte pas uniquement d’une bonne technologie, mais est le fruit « d’un dialogue bien conduit entre les opérationnels et les entités en charge de traduire ce besoin dans les solutions techniques. Pour preuve, dans le cadre d’un système de sécurité urbaine de Mexico que nous avons développé, le délai d’intervention des forces de sécurité quand un incident était détecté dans la ville était avant le système de 12 minutes, il est maintenant de 3 minutes. Ce succès n’est pas uniquement le fruit de la technologie mais bien d’un système de refonte complet des procédures opérationnelles et d’une analyse permanente des statistiques qui sont remontées par le système », explique Jean-Yves Plu, directeur C4I Sécurité de Thales. Ainsi, à l’image du groupe mondial qui intervient en matière de sécurité civile dans plusieurs secteurs : la sécurité urbaine, la sécurité des grands événements, la gestion de crise, la sécurité de sites critiques et la question du nucléaire, bactériologique et chimique, le spectre de la sécurité civile est immensément grand. À tel point qu’il est aujourd’hui difficile de savoir où s’arrête la filière qui a besoin de se structurer au travers d’une politique d’achat, de normes ou encore de développement à l’export. Aussi, le pôle compétitivité-risques travaille à la réalisation d’une cartographie des compétences françaises de sécurité civile en vue d’élaborer, notamment, « un catalogue des compétences pour aller à l’export », explique Sébastien Giraud, directeur du pôle de compétitivité Gestion des risques et Vulnérabilité des territoires, et de poursuivre : « Le marché mondial de la protection civile représente environ 92 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires des entreprises françaises dans ce secteur est de 3 milliards d’euros. Les dépenses de sécurité civile oscillent entre 1 et 2 milliards d’euros. »
Politique d’achat et normes
Structurer cette filière, chacun semble donc s’y attacher. L’UGAP, Union des groupements d’achats publics, accélère le processus de mutualisation des achats avec une part adressable qui se situe entre 400 et 500 millions d’euros par an dont 100 millions d’euros de matériel d’achat pompier. « L’ensemble de l’établissement pèse aujourd’hui 2 milliards d’euros contre 400 millions il y a 10 ans. Tout notre savoir-faire achat essaie, par rapport à nos partenaires industriels, d’augmenter la part principale et de réduire les options pour réduire les prix d’achat », explique Jean-Michel Riaux, directeur adjoint de l’UGAP. La prochaine étape, associer dès le départ les titulaires de marché avec les partenaires et « donner de la prévisibilité aux industriels français en leur donnant du cadencement de commande ».
Autre point clef de la structuration, les normes ou encore le principe de la certification qui peut être un moyen de conquête et de valorisation stratégique à l’export. Mais pour ce qui est des instances normatives européennes et mondiales, « nous sommes très mauvais », souligne Éric Faure.
Le secours d’urgence et la protection des populations au plan européen s’effectue au travers des normes européennes, que les directeurs généraux de la sécurité civile des pays européens « s’efforcent de rendre le plus possible conformes aux sujets opérationnels auxquels nous sommes confrontés », souligne le préfet Papaud. Une logique qui consiste à proposer des modules de projection, au nombre de 49, qui portent sur des thématiques allant des éléments d’intervention-feu, aux inondations, sauvetage-déblaiement… et les formations en adéquation. « On forme avec notre matériel, qui multiplie dans le monde les occasions de démonstration à chaud. Les pays dans lesquels on intervient sont nombreux. La solution est alors achetée globalement. Hommes, formation, doctrine d’emploi, y compris les références de matériel. »
L’export au cœur de toutes les discussions
L’export est donc l’avenir d’une filière prometteuse en devenir, avec déjà 60 % du chiffre d’affaires réalisé par les entreprises françaises qui se fait hors de nos frontières. En partie grâce à un savoir-faire et des compétences reconnus de par le monde : « À l’international, j’ai pu constater l’aura qu’a la sécurité civile française à tous les niveaux : secours au quotidien, capacité d’intervention à l’international, capacité nationale dans les mains de la direction générale. Cette réputation est un atout pour nous », souligne Éric Bruder, chef de marché Sécurité globale de Cofely Inéo. Reste tout de même la première question que posent les institutionnels étrangers « les moyens proposés sont-ils utilisés par la sécurité civile française ? » ou encore par l’armée et les pompiers pour le matériel NBC par exemple. Domaine de très haut niveau technologique, ce dernier est un secteur dont les entreprises françaises réalisent pour moitié de leur chiffre d’affaires à l’export. « Nous appelons un partenariat renforcé avec des démonstrations à l’export pour convaincre des pays que nos produits et nos doctrines sont les bons, cela crée in fine des emplois en France. Les pompiers français interviennent régulièrement à l’étranger pour former les pompiers étrangers dans le domaine du NBC, il faut utiliser cette haute valeur ajoutée dans un partenariat public-privé », insiste Bruno Vallayer, président du GIE Défense NBC, suivi par Éric Bruder pour qui il est nécessaire « qu’une expertise technique et des formations accompagnent la mise en place d’installations et de solutions. Un accompagnement très efficace dans l’action internationale. »
Des actions concrètes tournées vers l’avenir
Mieux s’organiser, travailler de manière plus solidaire que par le passé. Voilà l’un des appels à vœu d’Yves Rome, sénateur de l’Oise, qui permettra d’apporter la meilleure réponse possible au moindre coût. Autre acteur, facilitateur du lien entre les entreprises et les utilisateurs, entre les établissements publics, les opérateurs économiques sur le territoire et l’État, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France a d’ores et déjà développé des commissions de travail pour aider les industriels, notamment à travers leur congrès national annuel. Inscrits dans une démarche d’innovation et de prospection, ils ont créé un think-tank, l’Institut français de sécurité civile (IFRASEC) dont l’un des sept axes de réflexion est l’économie et la filière industrielle. « Il ne s’agit pas de vendre simplement des outils, mais de fournir un module complet et des process de fonctionnement », précise Éric Faure.
Actions de coopération, il en est enfin une menée entre le GICAT et la DGSCGC, le pôle risque et la Fédération française des métiers de l’incendie (FFMI) : l’approche capacitaire des situations d’urgence. « Cette brochure regroupant 35 industriels, disponible pour Eurosatory, servira pour le soutien à l’exportation à l’instar des actions menées lors du salon INSR avec un pôle GICAT « Gestion des foules ». Cette démarche donne une forte visibilité à une mission opérationnelle et à une offre industrielle nationale associée. Elle est simple, lisible et exportable », souligne Bernard Refalo, directeur général adjoint, PME et sécurité du GICAT.
Grand rendez-vous de la sécurité civile, le salon Interschutz qui se tiendra à Hanovre sera peut-être placé sous le signe d’une coopération concrète de tous les acteurs tricolores de cette filière au cœur de laquelle l’export aura un rôle central et essentiel. La sécurité civile est une des plus belles illustrations du made in France, disait le sénateur Rome. « Nous avons tout pour réussir, il faut maintenant fédérer nos efforts de façon à aller plus loin », conclut ainsi Christian Mons, président du GICAT.
“Public safety should be considered part of a comprehensive security concept” says Eric Faure, President of the National Federation of French Firefighters.
Apart from the technical skills to produce solutions, the ability to make the link between operational need and its technical translation is vital. The effectiveness of the outcome of the mission is not only dependent on good technology, but is the result of a well directed dialogue between operational staff and the entities in charge of translating this need into technical solutions. The competitiveness-risks area is working to produce a mapping of French public safety skills to develop, most notably, a catalogue of competences for exportation. The global market in civil protection is worth approximately € 92 billion. The turnover of French companies in this sector is € 3 billion.
Another key point of the structure, standards, or the principle of certification is that it is a means of strategic conquest and exploitation that can be exported. But in terms of being European and global standard setters, “We are very bad” underlined Eric Faure.
Export is clearly the future of a burgeoning industry, with 60% of turnover by French companies already going beyond its borders, thanks in part to its know-how and expertise recognized around the world. The industrialists are calling for a strong partnership with demonstrable exports to convince countries that our products and our doctrines are strong, which ultimately creates jobs in France.