Accompagner les PME dans le financement de leurs projets d’export

Par Adèle Cibo

En 2018, la lente croissance mondiale et les affrontements politiques tendus aux quatre coins du monde n’ont pas profité aux marchés boursiers. Les entreprises en quête de financement, et notamment les PME et ETI françaises attirées par l’export, attendent donc une amélioration cette année, pour pouvoir mener leurs projets à bien.

« Vendre à l’export, c’est apporter une attractivité supplémentaire à l’entreprise et donc recruter des gens performants et motivés à l’idée de se lancer dans de grands projets internationaux. Cependant, en tant que PME, être présent à l’export est difficile. Nous avons besoin de soutien pour le financement et l’organisation de nos projets », explique Robert Glémot, PDG de Prolann, entreprise de pièces mécaniques de précision qui fournit de nombreux groupes, y compris dans le secteur de la Défense et dont la moitié du chiffre d’affaires est réalisée à l’international.

Situation internationale imprévisible : prévenir les risques politiques

Entre discussions enflammées sur la tenue, ou non, du Brexit, incertitude présidentielle au Venezuela et affrontement économique entre Etats-Unis et Chine, il est compréhensible que les PME ne sachent plus où donner de la tête. Si certaines de ces préoccupations sont amenées à s’apaiser dans l’année, reste la guerre économique entre Donald Trump et Xi Jinping, incertaine, qui bloque la visibilité de déploiement possible sur ces deux marchés extrêmement prometteurs en termes de sécurité. L’espoir d’un accord commercial inédit entre les deux géants s’accompagne tout de même d’une crainte d’un affrontement direct et de l’entrée de l’économie mondiale en récession. Les entreprises françaises désireuses de se déployer dans ces zones doivent être vigilantes et s’entourer de conseillers en gestion des risques.

Ces risques ne sont, en revanche, pas uniquement politiques. En effet, nul n’est à l’abri de risques de transferts dus aux politiques sur les marchés de change, de l’insolvabilité du partenaire commercial ou de cas de force majeure qui ferait cesser tout processus de vente. Pour autant, la peur de l’échec ne doit pas empêcher le développement des PME et ETI. Bpifrance leur permet de gagner en sérénité dans leur projet. En effet, ses dispositifs d’Assurance Export se concentrent aussi bien sur la prospection – assurance remboursable en fonction de l’évolution du chiffre d’affaires à l’export – que sur l’assurance-crédit, qui permet d’assurer la banque qui s’engagerait aux côtés de l’entreprise exportatrice, ou l’assurance-investissement, liée aux risques politiques inhérents à certains pays cibles pour l’exportation.

L’expertise française au service de la sécurité mondiale

En s’entourant de bons conseils et d’investisseurs confiants, les PME et ETI du secteur de la sécurité pourront plus aisément partir à la conquête des marchés internationaux. La demande est mondiale. Partout, les besoins en contrôle de qualité, sécurisation de l’espace et cybersécurité sont croissants. Plusieurs structures françaises sont prêtes à relever ces défis en dehors de nos frontières. Selon l’International Data Corporation, 103,1 milliards de dollars seront probablement dépensés autour des dispositifs de sécurité cette année. Pour répondre aux besoins des trois secteurs les plus demandeurs – banques, industries manufacturières et gouvernements centraux – les PME françaises devront miser sur une technologie en plein essor : la blockchain. En plus de permettre une sécurisation accrue des envois, grâce à la traçabilité des produits, les entreprises participeront ainsi à réduire la fraude. Cependant, là encore, les PME et ETI à la conquête de nouveaux devront rester vigilantes ; l’incertitude juridique autour du développement de la blockchain et son besoin élevé en énergie pourrait rendre les investisseurs frileux.

L’indispensable soutien des banques privées

Bpifrance accompagne les PME et assure leurs projets internationaux, mais tient aussi à garder son profil de banque publique, son rôle d’investisseur et donc son activité financière. Or, pour Guillaume Mortelier, Directif Exécutif Accompagnement chez Bpifrance, la coopération avec les banques et les investisseurs privés sur ces questions est primordiale : « Nos travaillons toujours aux côtés des banques. Le développement de leur offre de financement à l’export est une très bonne chose. Plus il y a d’offres pour les projets de déploiement à l’international des entrepreneurs français, mieux c’est pour l’économie française. »

Depuis la création de Bpifrance, les banques ont en effet développé leur offre de soutien aux PME. Pour financer l’export des solutions Prolann, par exemple, Robert Glémot a choisi le CIC, qui propose le dispositif « Aidexport » : « Ils ont une vraie compétence sur l’export, de forts partenariats dans tous les pays, et nous pouvons faire appel à eux à tout moment, ils sont très réactifs. » D’autres banques, comme BNP Paribas avec son dispositif « Trade solutions », proposent des « solutions de financement et de sécurisation du développement [des PME et ETI] à l’international. », à court, moyen et long termes. C’est ainsi que Sewosy, spécialiste des solutions de contrôle d’accès, a pu développer son activité à l’étranger. Grâce au Prêt Croissance International de Bpifrance – entre 30 000 et 5 millions d’euros prêté sans garantie et associé à un prêt bancaire – la société croît à l’international. 25 % de son chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé à l’export.

Des gestes forts pour les PME de Défense

« Les banques privées souhaitent accompagner l’économie mais minimiser les risques également. Le fonds Definvest [partenariat entre BPI et DGA] les rassure. C’est un partenaire solide pour que les banques s’engagent sur les projets de développement des PME », explique Robert Glémot. Ce fonds, doté de 50 millions d’euros, a pour but de sécuriser le capital des entreprises d’intérêt stratégique pour la Défense, consolider les acteurs de la filière et soutenir leur développement à long terme, notamment autour de l’export. Il permet le soutien de PME, duales sur des tickets de 0,5 à 5 millions d’euros. « Definvest est entré au capital de Prolann en fin d’année 2018, à hauteur de 24 %, explique Robert Glémot. Le dispositif est arrivé au bon moment pour nous. Definvest va nous permettre d’assurer 20 % de croissance supplémentaire. »

Pour aller plus loin, donc, le fonds Build Up International (FBI), lancé en avril 2019, « s’adresse aux entreprises familiales qui peuvent manquer de ressources capitalistiques ou d’expérience pour racheter des concurrents à l’étranger », explique Guillaume Mortelier. Pour que ces freins soient levés, BPI France se pose en co-actionnaire, minoritaire, auprès d’elles. « Cela apporte une paire d’yeux supplémentaires aux entrepreneurs pour analyser les risques et une certaine sécurité dans l’investissement à l’étranger », souligne le Directeur Exécutif Accompagnement.

Les PME et ETI françaises ne sont donc pas seules pour mener leurs déploiements à bien. A chaque projet de développement international son accompagnement personnalisé et son conseiller financier export adapté.

Gérer les risques : expertise et vision globale

« Très peu d’entreprises intègrent, aujourd’hui la dimension sûreté (protection contre la malveillance qui peut toucher les biens, les personnes, les informations sensibles ou l’intégrité de l’entreprise) dans leur organisation et dans la conduite de leurs projets. C’est un véritable problème car cela conduit à un manque d’appréciation des risques et de leurs impacts potentiels pour les activités des entreprises, et ceux-ci peuvent être très forts », constate Alexandre Hollander, président d’Amarante.

Pour Alexandre Hollander, l’accompagnement sécuritaire des entreprises dans leurs projets à l’export doit donc s’inscrire dans une approche plus globale. Il s’agit d’inscrire la sécurité dans l’ADN de l’entreprise grâce aux conseils de spécialistes : sécuriser ses systèmes, ses clients, ses process, ses technologies, ses employés, etc.

Accompagner la croissance internationale de nos PME

« Depuis début 2018, les dispositifs d’accompagnement ciblant l’export ont été renforcés, explique Guillaume Mortelier. Le nouveau programme d’accélérateur international à destination des PME, lancé en avril 2019 avec Business France, et grâce auquel les entreprises peuvent repérer les marchés potentiels, à l’aide d’intervenants experts, avant de les conquérir, s’ajoute aux programmes d’accompagnement que Bpifrance propose aux entrepreneurs ».

En mai, « la volonté d’encourager le développement à l’international des PME et ETI de croissance » a été renforcée avec un nouveau partenariat entre BPI et OSCI. L’OSCI, forte de ses attaches dans plus de 100 pays, saura conseiller les PME bénéficiant d’une Assurance Prospection avec la BPI. Leurs dépenses liées à l’export pourront être pris en charge par les adhérents agréés de l’OSCI. Celle-ci pourra également proposer de l’analyse des marchés-pays pour aider les entrepreneurs à créer des relations d’affaires avec des partenaires locaux. Ce partenariat adapté à la bourse des PME leur permettra de mener à bien leurs projets internationaux en gérant les risques liés aux pays de destination.