JO 2024, passer le témoin aux collectivités territoriales

Les Jeux de 2024 doivent être ceux de toute une nation. Les territoires et les collectivités ont un rôle clé à jouer. La création du label « Terre de jeux 2024 », premier label de l’histoire Olympique décerné aux collectivités territoriales, entérine le rôle qu’elles peuvent jouer dans l’organisation et la promotion de cet évènement unique. Parole donnée aux représentants de collectivités locales engagés à faire vivre les dynamiques olympique et paralympique sur leur territoire.

Par Camille Palmers

Infrastructures, entre capitalisation et héritage

Le label lancé en 2019 par Tony Estanguet, Président du comité dorganisation des Jeux Olympiques (COJO), permet une mise en lumière de la richesse du patrimoine sportif français. Frédéric Burnier Framboret, Maire dAlbertville explique les enjeux de visibilité des infrastructures qui découlent de l’obtention du label « Le label Terre de Jeux 2024 participe à la construction de l’image de ville dynamique que nous souhaitons insuffler. Il permet de se projeter vers l’avenir en capitalisant sur des équipements de haute qualité existants et ainsi de valoriser l’héritage des Jeux 1992 dont nous allons fêter les trente ans. Nous sommes une petite ville de 20 000 habitants mais nous disposons d’infrastructures dignes d’aires urbaines deux fois plus importantes ». L’objectif du label est de mobiliser un panel de territoires le plus large possible quel que soit leur taille ou leurs moyens. Ainsi 48% des 500 premières collectivités labellisées comptent entre 10 000 et 50 000 habitants et 33% moins de 10 000 habitants, dont 9% de communes qui dénombrent moins de 2 500 habitants1.

Les petites collectivités ne disposant pas d’infrastructures adaptées pour l’organisation de festivités sportives ou l’accueil de délégations en entraînement pourront solliciter l’accompagnement de l’Agence Française de Développement et de Paris 2024 à travers la FICOL, une facilité de financement d’un montant unitaire compris entre 200 000 et 1 500 000 euros dans la mise en œuvre de projets de réhabilitation ou de construction utilisant le sport comme vecteur de développement durable. Les JO vont ainsi permettre de donner un second souffle à des sites vieillissants qui seront rénovés pour l’occasion. Pour Éric Le Disses, Maire de Marignane et Président du Syndicat Intercommunal de Sauvegarde de l’Etang de Berre, la labellisation de la ville est autant un facteur de revalorisation favorisant la pratique sportive que de mise en valeur de l’environnement. « Le label obtenu par plusieurs communes du pourtour de l’étang de Berre, et notamment Marignane pour le nautisme, va donner un vrai coup de projecteur sur l’étang à l’échelle mondiale. L’exposition médiatique et la venue des délégations internationales vont mécaniquement donner un coup de fouet à tous les acteurs de la réhabilitation. L’étang doit se montrer sous son meilleur jour ! »2 précise-t-il. Miser sur la rénovation de l’ancien tout en l’adaptant aux nouveaux besoins des populations est également la stratégie adoptée par la Région Grand-Est. « La remise aux normes du centre de préparation aux Jeux historiques de Vittel, par la création d’un plateau médical requis par des sportifs de haut niveau en entrainement pour des compétitions internationales, permettra de donner une impulsion au sport-santé dans la Région. Suite aux Jeux, les populations locales ou en visite dans la ville connue pour ses thermes pourrons bénéficier de l’infrastructure pour suivre un protocole de reprise du sport et de réathlétisation. De quoi donner une nouvelle place à la pratique sportive dans leur vie » explique Jean-Paul Omeyer, ancien Vice-Président Sport de la région Grand-Est et Président en charge des Sports de Régions de France.

Pour éviter les éléphants blancs, les nouvelles infrastructures ne devront pas se limiter à l’accueil des Jeux mais faire partie d’un projet au service des populations locales. En Seine-Saint-Denis, département le plus jeune de France, où se construit un bassin Olympique, un partenariat avec la SOLIDEO permet le lancement d’une action sur le savoir nager des plus jeunes. Le département souhaite tirer profit de l’accueil des compétitions pour accompagner sa population dans la pratique du sport et se fixe l’ambitieux objectif de 75% d’élèves nageurs à l’entrée en sixième à l’horizon des JO, contre moins de la moitié aujourd’hui. De quoi constituer un héritage immatériel à Paris 2024.

La jeunesse au coeur des Jeux

Faire des Jeux un succès passe par l’implication des jeunes qui porteront l’héritage de cet évènement planétaire. « Notre but est de fédérer de véritables supporters des Jeux et de notre équipe de France olympique partout dans nos quartiers pour que l’événement soit vecteur de joie et de partage » s’enthousiasme Nacer Khamla, adjoint au Maire de Vénissieux en charge de la politique sportive et de la jeunesse. Donner envie aux jeunes de s’adonner au sport ou renouer avec une pratique oubliée est crucial, qui plus est, dans le contexte de crise sanitaire et économique actuel. De nombreuses actions sont ainsi portées localement : rencontres avec des sportifs, organisations d’Olympiades des jeunes, initiations aux sports Olympiques, autant d’initiatives organisées par les collectivités en partenariats avec leurs établissements scolaires. « La région a vocation à mobiliser le sport scolaire à travers l’UNSS pour créer des moments de partage, susciter des vocations. Alors que nos jeunes souffrent de davantage de problèmes de santé notamment mentale, il est de l’ordre de l’obligation de mobiliser tous les acteurs pour favoriser le sport pour tous. Le sport est un médicament pour les maux de toutes les générations. Et les Jeux créent en cela une dynamique extraordinaire. » témoigne Mohamed Moulay, Vice-Président en charge des sports de la Région Centre-Val de Loire

Dans la région Grand-Est aussi, la jeunesse est au coeur de toutes les attentions avec notamment la mise en lumière de pratiques sportives urbaines comme le breakdance et le skateboard, qui feront leur première apparition aux Jeux 2024. « Le NL Contest organisé à Strasbourg mettra en valeur les pratiques sportives et culturelles urbaines comme le skateboard, le graff ou le parkour. Les pratiques urbaines seront également représentées lors d’un FISE à Reims. Nous nous inscrivons dans la vocation des Jeux 2024 à s’ouvrir sur la ville. » détaille Jean-Paul Omeyer.

Lumière sur le Handisport

Les valeurs d’universalisme et d’inclusion des Jeux trouvent un soutien local fort au sein de territoires engagés. A Vénissieux, les clubs sont incités par la municipalité à adapter les pratiques pour faire vivre la magie du sport aux personnes porteuses de handicap. Des ateliers de sensibilisation au handisport sont prévus dans de nombreuses collectivités. En Centre-Val de Loire, « nous allons mettre en place un club d’ambassadeur des Jeux Paralympiques composé des grands athlètes de notre région pour orchestrer, tous ensemble, une programmation fédératrice de l’ensemble de la population autour de valeurs et de vertus du sport notamment sur le handicap » souligne Mohamed Moulay. Dans le Grand Est, c’est l’innovation technologique qui est mise au service de l’inclusion : « Nos populations s’investissent pour faire des Jeux un révélateur du handisport et du mieux vivre pour les personnes à mobilité réduite. Une start-up basée à Nancy travaille à l’amélioration de l’ergonomie des fauteuils qui seront utilisés par l’équipe de France paralympique de rugby. Ces améliorations pourront ensuite être adoptées dans la conception de fauteuils nécessaires à la vie quotidienne » illustre Jean-Paul Omeyer.

Un projet sportif territorial et collectif

Sur le terrain sportif comme au sein des collectivités, seule la force du collectif permettra aux acteurs de relever les défis ambitieux qu’ils se sont donnés. Depuis l’automne 2020, les Conférences Régionales du Sport rassemblent les acteurs qui contribuent au développement du sport pour leur permettre de dialoguer, de partager les actions déjà initiées et mieux les coordonner, et in fine d’assurer une cohérence entre l’organisation nationale et l’organisation territoriale des festivités. « La région Centre-Val de Loire est la première région à avoir mis en place une telle instance de dialogue collectif et de décision, présidée par le Président de Région et organisée en commissions thématiques pour élaborer un projet sportif territorial autour d’axes forts et liés aux problématiques sociétales actuelles tels que la santé, la jeunesse, l’emploi, la prévention des violences et l’urgence sociale et écologique » déclare Mohamed Moulay. Le Maire de l’ancienne citée Olympique, Frédéric Burnier Framboret, appelle lui aussi à jouer collectif « Nous avons d’ores et déjà travaillé avec l’agglomération Arlysère dont fait partie la ville mais nous appelons à une communication entre collectivités labellisées afin d’initier d’autres collaborations futures. » et d’ajouter « Nous comptons également sur la cinquantaine de clubs sportifs de la ville ainsi que sur l’association des Bénévoles 92, rassemblant des amoureux du sport et des Jeux pour produire l’étincelle qui rallumera la flamme olympique dans la ville ». Quand à Nacer Khamla, il nous donne rendez-vous à Vénissieux au mois de juin prochain : « Nous allons ouvrir les Jeux au niveau municipal et initier des festivités, en partenariat avec les écoles, le CRESS et les acteurs sportifs associatifs de la ville. Nous voulons organiser des rencontres, des expositions. Toute bonne volonté sera la bienvenue pour valoriser le sport amateur et l’universalité de la pratique sportive en parallèle des compétitions de haut niveau. C’est notamment grâce aux partenariats et aux actions communes que nous y arriverons. » confie Nacer Khamla.

Le passage de relais semble réussi pour des collectivités engagées afin de mettre en action le projet pensé par le COJO lors de la candidature de Paris et de faire de ces Jeux 2024, une fête pour tous les Français. L’implication des collectivités, principales pourvoyeuses d’activités sportives dans les Jeux de 2024 est un puissant vecteur de diffusion des valeurs Olympiques auprès des populations.« Humanité, respect, égalité. Les valeurs du sport sont aussi celles de notre nation ! Le sport, et les Jeux en particulier, sont un facteur essentiel de cohésion nationale. Notre engagement pour y concourir est entier. » conclut le Vice-Président de la région Centre-Val de Loire.

1 Source : Paris 2024, https://www.paris2024.org/fr/terre-de-jeux-les-500-premiers/

2 Source : Syndicat Mixte pour l’Etang de Berre, https://etangdeberre.org/actualite/letang-de-berre-terre-de-jeux-2024/