La sûreté des établissements culturels – Le Grand Palais

Rencontre avec Frédéric Jouhaud, Conseiller sûreté générale et gestion de crise à la Direction des Bâtiments et de la rénovation du Grand Palais (RMNGP).

Le Grand Palais, situé au cœur de la capitale et à proximité de nos institutions les plus importantes, présente des spécificités qui complexifient sa protection contre les multiples menaces. Il va connaître une mutation considérable puisqu’entre 2020 et 2024, des travaux vont lui permettre de rendre au public et à Paris, un Grand Palais restauré dans la beauté et l’audace de sa conception originelle. Le nouveau Grand Palais deviendra un ensemble scientifico-culturel à espaces et usages multiples posant autant de problèmes de sécurité et de sûreté. Pour autant, la qualité de l’expérience des visiteurs doit pouvoir rivaliser avec les meilleurs sites tout en ayant la garantie que le Grand Palais est dans les meilleurs standards en matière de sûreté et de sécurité.

Nous avons créé un groupe de travail informel regroupant des responsables sûreté des grands sites muséaux de Paris ou présentant des problématiques sûreté similaires. Les objectifs de ce groupe sont de deux ordres : échanger des informations opérationnelles en période de crise ; partager des retours d’expérience et mener des réflexions prospectives sur les différentes problématiques liées à la sûreté de nos établissements, telles que les points de contrôle Vigipirate ou la gestion des files d’attente.

La dimension humaine et la doctrine sont au moins aussi importants que la technologie mais celle-ci est indispensable pour compléter les observations ou actions humaines et parfois pour rationaliser les coûts. Notre métier consiste à optimiser l’équilibre du tout et à anticiper les menaces et leurs solutions possibles.

Pour protéger nos visiteurs, notre patrimoine et notre image, nous cherchons à réduire l’exposition aux risques identifiés, notamment en repoussant les menaces le plus loin possible à l’extérieur, et aussi à diminuer l’impact en cas de réalisation d’un scénario de menace redouté, en confinant et protégeant à l’intérieur. Lorsque les visiteurs sont confinés, il faut que les personnes en charge de l’accueil et de la surveillance sachent les rassurer et les occuper pour éviter les troubles secondaires que cela peut générer.

L’expérience a démontré que l’analyse comportementale est très efficace. Mais cette solution n’ait pas encore l’objet d’une certification de qualification professionnelle et seule l’ENAC délivre des formations adaptées.

Les éléments cynophiles sont également nécessaires au sein des dispositifs car ils dissuadent et protègent de manière très efficiente les publics, la capacité sensorielle des animaux étant inégalable. Bien entendu, la technologie complète le dispositif avec divers systèmes de détection et d’alerte.

Enfin, les flux doivent être le plus dynamiques possible. Si l’objectif d’une prévente totale en ligne des billets reste une utopie compte tenu de notre activité, nos réflexions doivent aller dans ce sens afin de dynamiser nos flux de visiteurs.

Une application de gestion de files virtuelles peut également y contribuer. Elle pourrait être multi-sites afin d’optimiser la fréquentation globale tout en évitant les surenchères entre établissements.