CIRPESS : DEVERYWARE PARTENAIRE DU PROJET DE R&D DEDIE A LA PROTECTION DES SITES SENSIBLES FACE AUX MENACES DE MALVEILLANCE ET DE TERRORISME

Depuis sa création en 2003, Deveryware accompagne au quotidien les professionnels de la sûreté dans leurs missions de sécurisation des personnes et des biens. Elle prend actuellement part au projet CIRPESS, solution de suivi de la circulation des personnes sur les sites sensibles, projet retenu par la BPI pour l’excellence de son consortium. Rencontre avec Alain SOULIER, Directeur de l’innovation.

Par Sarah Pineau

Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet CIRPESS ?

Tout le monde se souvient des événements qui ont endeuillé l’année 2015, notamment l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier sur un site Seveso en juin et, quelques semaines plus tard en juillet, les actes de malveillance sur le site pétrochimique de LyondellBasell à Berre l’Etang.

Si diverses mesures existaient déjà pour sécuriser les sites sensibles, ces deux intrusions et leurs conséquences, dans le contexte actuel caractérisé par un accroissement des risques et des menaces, ont montré que les dispositifs actuels n’étaient plus suffisants. Pour prévenir et réagir à ce type de risques, le gouvernement a engagé un plan d’actions, en liaison avec le Conseil des Industries de Confiance et de Sécurité (CICS) de la filière de sécurité (COFIS)1. Par la suite, plusieurs appels à projets ont été lancés en vue d’améliorer significativement la prévention des malveillances et des attentats, dont un remporté par le projet CIRPESS (CIRculation des Personnes sur les Sites Sensibles) auquel nous sommes heureux de participer.

Concrètement, que propose CIRPESS ?

Aujourd’hui une des difficultés rencontrées par les directeurs de sûreté des sites sensibles concernant la sécurisation des personnels qui leur sont extérieurs est, non pas le contrôle des accès mais celui des déplacements internes. Bien souvent, une fois que vous avez franchi la porte d’entrée, personne ne sait exactement où vous vous trouvez. Cela est problématique, pour la sécurité de tous les sites en général, pour celles des sites sensibles en particulier, eu égard à la nature critique de leurs activités.

Aussi, ce que propose de développer le consortium d’experts réuni dans le projet CIRPESS, c’est une solution de « geofencing » ajustée au plus près, permettant aux exploitants d’être alertés en temps réel lorsque des personnes extérieures admises sur leurs sites sensibles s’écartent des chemins ou zones qui leur sont autorisés. Très concrètement, en fonction des besoins exprimés, diverses technologies seront combinées LoRa, UWB, WiFi, WiMesh, GPS, intertielles, magnéto-inertielle, etc. A noter que cette diversité permettra de répondre aux besoins d’un très grand nombre de sites, quelles que soient les contraintes techniques opposées par ceux-ci : absence de captation d’un signal GPS, zone confinée…

Différents moyens de mise en œuvre de ces dispositifs de tracking seront proposés en fonction du degré de sensibilité du site– et donc du niveau de contrôle nécessaire –: bracelet biométrique, capteur dans le véhicule, simple suivi sur un téléphone portable remis au visiteur…

Si d’aventure les données de localisation collectées à haute cadence par ces différents outils détectent une anomalie dans le trajet du porteur, le service sécurité / sûreté du site concerné est prévenu et peut déclencher une alerte. Si tel est le cas, vient l’étape de la levée de doute qui, là encore, pourra s’effectuer de différentes manières en fonction des équipements choisis par l’exploitant du site : via un drone de la plateforme robotique CIRPESS, visualisation par caméra, patrouille humaine… Détail important à préciser au vu des débats actuels autour de la notion de responsabilité, la décision d’intervenir ou non est prise à l’aide de la plateforme d’hypervision du site à laquelle seront envoyés ces éléments de vérification, donc par les hommes et les femmes qui la gèrent

Dans ce déploiement de solutions, la cybersécurité est, bien entendu, intégrée en amont : protection du système d’information, protection des données collectées conformément au RGPD…

Enfin, nous sommes très attachés à ce que le système développé soit une plateforme ouverte, afin que nos clients puissent se l’approprier facilement sans changer fondamentalement l’ensemble de leurs systèmes actuels de sécurisation (API). Ce sera donc une architecture standardisable. On pourrait la définir comme une surcouche fonctionnelle de sécurité, dont l’ambition est de s’associer facilement à l’existant le tout pour des coûts d’exploitation optimisés. Le système sera ouvert – les exploitants des sites sensibles pourront nous proposer des technologies – et évolutif : les technologies futures devront pouvoir être intégrées sans difficulté. Ce choix de système non propriétaire est important : ce qui est visé c’est la réponse à un besoin étatique donc à l’intérêt général, chaque citoyen étant potentiellement concerné par la sécurisation des sites sensibles. La logique marketing n’est clairement pas prioritaire, même si la question de la maîtrise des coûts est importante et n’a pas été laissée de côté.

CIRPESS est un projet ambitieux développé en réponse à des enjeux de sécurité qui ne le sont pas moins. Parties prenantes, financements, étapes… Où en êtes-vous à l’heure actuelle ?

Ce projet, piloté par le groupe SNEF, intégrateur de ces technologies, associe des industriels français spécialistes de la localisation, de l’hypervision, des réseaux de communications, des drones et de la sûreté. Outre Deveryware participent les entreprises Dotvision, Egidium Technologies, Ionosys, Luceor, Maple High Tech, Mercury Technologies, SYSNAV et UAVIA, ainsi qu’un partenaire scientifique l’INERIS (Institut National de l’Environnement industriel et des RISques) qui prend en charge la partie études et essais sur les aspects industriels et de protection contre les contraintes environnementales.

Il représente un investissement en recherche et développement conséquent, de l’ordre de 4,9 millions d’euros sur 3 ans, et est financé à hauteur de 2,6 millions d’euros par le Programme d’Investissements d’Avenir, principalement sous la forme d’avances remboursables, piloté par le Secrétariat général pour l’investissement et opéré par Bpifrance, dans le cadre de l’action « Projets industriels d’avenir ».

Côté calendrier, la prochaine étape est l’ouverture dans les jours qui viennent d’un showroom dans les locaux de la SNEF Toulouse. Viendront ensuite les expérimentations opérationnelles prévues à l’été 2019 sur des sites étatiques et / ou industriels. La commercialisation quant à elle devrait intervenir fin 2020.

Enfin, pour ce qui est des développements futurs, notre projet a été pensé en réponse aux besoins exprimés dans l’appel à projet du gouvernement concernant les sites sensibles mais il a vocation à être élargi à la sécurisation de tout complexe concerné : industrie, base militaire, PME stratégique…

Je voudrais terminer en disant que Deveryware ne s’est pas engagé dans ce projet par hasard : nous avons parfaitement conscience des enjeux et la conviction, avec nos partenaires, que nous sommes à la hauteur pour y répondre, en associant l’expertise de nos solutions techniques à l’excellence professionnelle de nos collaborateurs.

1 Le 22 novembre, le COFIS (COmité de Filière des Industries de Sécurité) est devenu un Comité Stratégique de Filière (CSF) ce qui, outre en faire la 18ème filière labellisée dans le cadre du Conseil national de l’industrie, donne à cette filière des industries de sécurité une place d’envergure dans le paysage industriel français actuel et à venir.