Interschutz : France à l’honneur ou l’excellence française au cœur de la sécurité civile internationale

Tous les cinq ans, le plus grand salon international de lutte contre l’incendie et du secours, réunit les services de secours, de sécurité civile et de prévention du feu et des catastrophes du monde entier.

Cette année, c’est à Hanovre, en Allemagne, que plus de 1 300 exposants issus de près de 40 pays se sont retrouvés. L’événement, qui accueille en moyenne 125 000 visiteurs, a consacré en 2015 une journée « France à l’honneur ». Le ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a fait le déplacement pour l’occasion.

La filière industrielle française de sécurité civile

L’industrie française concourant au développement et à la production de produits et services destinés aux acteurs de la sécurité civile regroupe près de 400 entreprises et 16 000 emplois sur le territoire national, pour un chiffre d’affaires de près de 3 milliards d’euros. Cette filière en construction n’a de cesse de s’adapter à l’évolution des risques et d’anticiper l’apparition de nouvelles menaces pour couvrir l’ensemble des besoins relatifs aux thématiques de la sécurité civile, depuis les risques naturels ou industriels jusqu’aux risques sanitaires et pandémiques. Ainsi ce sont près de 70 entreprises françaises qui ont fait le déplacement pour présenter aux services de sécurité civile du monde entier leurs innovations en matière de véhicules de secours, de « serious games » de formation et d’entraînement, de matériels de protection ou de lutte contre les incendies, d’équipements et matériels médicaux d’urgence, de technologies de communication. « Tous ont pu alors découvrir des logiciels de commandement et de gestion d’opérations complexes ; des robots les plus perfectionnés capables d’intervenir dans les situations où la sécurité des personnels est menacée… des tenues adaptées aux nouveaux risques en fibres textiles innovantes, à la fois résistantes protectrices et confortables, des outils de télécommunication et d’alerte élaborés en conformité avec la doctrine opérationnelle française ou encore de nouveaux capteurs et solutions optroniques, permettant aux intervenants de mieux percevoir leur environnement et de qualifier les menaces en préparant leurs missions », souligne Jean-Michel DUMAZ, chargé de mission Risques industriels/Sécurité civile au sein du Pôle risques.

Débats & préoccupations

Le ministre de l’Intérieur, qui sera resté un peu plus de trois heures sur place, a ainsi rencontré les entreprises françaises et les opérationnels présents sur le salon lors d’une visite officielle. Après un passage sur les différents stands, essentiellement des PME-PMI, le ministre a souhaité s’entretenir durant près d’une heure avec les différents acteurs du domaine de la sécurité civile et de la filière industrielle. Ainsi, à huit clos, institutionnels, industriels et groupements, opérationnels et représentants des différentes fédérations (FFMI, FACIM, FNSPF) ont échangé sur les enjeux et grands thèmes de la valorisation de la filière de la sécurité civile au sein du COFIS (Conseil de la filière nationale de la sécurité), de la normalisation, de la politique d’achat, du développement à l’international ou encore de la politique R&T.

Bien que de nombreuses questions aient leur centre de gravité à Bercy ou au Quai d’Orsay, le ministre a répondu aux différentes interrogations et sollicitations. Se voulant à la fois concret, direct et pragmatique, il s’est montré rassurant avec une vision très claire de la situation et particulièrement en phase avec les préoccupations de ses interlocuteurs du jour, précisant notamment que « la promotion des industriels français était au cœur de leurs préoccupations ».

Au cours des discussions, il est notamment revenu sur la mutualisation : « Les moyens d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui, ni de demain. Aujourd’hui, un euro dépensé doit être un euro utile. Nous sommes tous concernés par les efforts budgétaires à fournir », la montée en puissance des experts techniques internationaux, l’importance du développement de nos entreprises à l’export, et l’impérieuse nécessité de porter l’innovation technologique.

« Nous devons apporter toute notre aide et notre attention au développement des clusters et des pôles de compétitivité, mutualiser les centres de R&D et accompagner nos entreprises sur les marchés à l’international via notre réseau diplomatique. J’y tiens absolument »,a-t-il ajouté.

Normalisation & politique d’achat : organisation, mobilisation, rationalisation

Cheval de bataille de Régis Cousin, président de la FFMI, le thème de la normalisation a ouvert les échanges. Les inquiétudes autour du jeu d’équilibriste auxquels se vouent les professionnels du domaine et du choc de simplification ont rappelé que la bataille sur les normes est le début de la bataille commerciale, non sans omettre qu’il y a, sur ce sujet, une certaine naïveté française qu’il faut dépasser. La mutualisation a, elle, ramené le sujet d’une politique d’achat qui doit évoluer et dépasser les paradoxes qu’on lui connaît aujourd’hui.

« Réorganiser et regrouper les politiques des achats est essentiel pour permettre de réaliser des économies et avoir des résultats probants… », a-t-on entendu. Il faut donc sortir des spécificités de chaque besoin/produit et accepter qu’il faut en passer désormais par une standardisation des achats… « Le SAELSI sera mobilisé », mais ne sera pas le seul. « L’UGAP a aussi son rôle à jouer », a ainsi rappelé le ministre de l’Intérieur.

International : levier unique et vital pour la croissance

La question de l’export et du développement de la filière à l’international a été soulevée par Bernard Refalo, délégué général adjoint – Sécurité du GICAT. Véritable et unique levier pour relancer et améliorer la croissance des entreprises françaises qui disposent d’un savoir-faire reconnu dans le monde entier, le développement à l’international doit être soutenu et accompagné. Les actions comme celles menées sur Interschutz sont des éléments clefs, mais doivent être renforcées par une représentativité des experts opérationnels français aux côtés des industriels dans les pays démarchés. « Les industriels français du secteur renforcent leurs coopérations auprès des acteurs opérationnels, ce qui leur permet d’anticiper sur les besoins futurs et de développer des solutions adaptées à la demande », explique-t-on chez Business France.

De même, le partage d’informations au sujet des projets de coopération est un atout pour les industriels qu’il faudrait « encourager », a souligné Bernard Refalo…

La montée en puissance des experts techniques internationaux est actuellement à l’étude par le préfet de la DGSCGC, Laurent Prévost, qui devrait remettre prochainement son rapport et ses recommandations au ministre, qui souhaite s’appuyer davantage sur le réseau diplomatique et les attachés de sécurité intérieure pour aider et accompagner les entreprises françaises sur le chemin de l’export. Ces derniers seront réunis fin août et début septembre… Des questions qui devraient donc être à l’ordre du jour.

 

Rappelons par ailleurs que les entreprises présentes sur Interschutz réalisent déjà près de 90 % de leur chiffre d’affaires à l’export. En tête de liste, la société Paul Boyé Technologies, spécialiste des équipements de protection individuels pour les forces armées et de police, la sécurité civile et l’industrie, qui réalise un chiffre d’affaires à l’export conséquent en raison de l’utilisation de sa tenue d’intervention en ambiance contaminée NRBC par la France. Une « labellisation » qui apporte de la crédibilité et une légitimité à la société sur les marchés extérieurs.

L’innovation technologique au centre des préoccupations

Les risques et menaces NRBC-E constituent l’un des thèmes phares de l’innovation technologique qui se trouve à la croisée des chemins. « L’innovation pour un monde plus sûr » était notamment le thème de la journée « France à l’honneur » du 11 juin dernier sur Interschutz. Essentielles et vitales, les technologies de rupture permettent aux entreprises françaises de se positionner sur un axe de différenciation qui leur permettra de faire face à cette concurrence démultipliée qui sévit sur le marché international.

Parmi les sociétés françaises représentées et porteuses d’innovation en matière de NRBC-E, Ouvry a présenté ses équipements de dernière génération : combinaisons de protection contre les risques NRBC pendant 24 h, combinaison polyvalente et filtrante NRBC, sous-vêtements, masques, lotions, système de communications et formations…

Autre société remarquée, IMS, jeune pousse de 3 ans, développe des solutions intégrées de mesure, de détection, de localisation et d’identification des radionucléides en environnements naturels et industriels. Dans le cadre des risques NRBC-E, les détecteurs NR conçus et fabriqués par IMS sont des micro-sondes Gamma à base de Geiger-Müller et des spectromètres à base de cristaux Nal(TI), BGO et CdZnTe (CZT). Les enjeux sont associés aux problématiques de la sécurité intérieure (projet SECUR-ED destiné à améliorer la sécurité des transports urbains), de la sûreté nucléaire dans le cadre du cycle électronucléaire, de la protection des professionnels exposés (équipes médicales, chercheurs) au traitement des déchets nucléaires et au démantèlement.

IMS propose des solutions qui intègrent des détecteurs miniaturisés, des interfaces électroniques, et des protocoles de communication garantissant la pérennité fonctionnelle de la solution métier du client sans remettre en cause les développements logiciels existants.

La recherche fondamentale, le transfert de technologie et les compétences industrielles constituent donc le triptyque du continuum technologique qui trouve son schéma « le plus abouti dans les pôles de compétitivité », explique le ministre.

Trois autres thèmes fédérateurs ont également porté le thème de l’innovation : les feux de forêts ; la sécurité bâtimentaire et le commandement des opérations de secours.

Une notion qui s’applique à tout le spectre de la sécurité globale. La lutte contre le terrorisme ne se fait pas sans innovation technologique, de même que la préparation et la gestion des grandes catastrophes ou encore la lutte contre la criminalité organisée.

Le ministère de l’Intérieur entend ainsi devenir le ministère de l’innovation et de l’avance technologique…

L’excellence française était donc au rendez-vous avec une impulsion forte donnée à une filière en construction qui n’a pas manqué de se positionner, plus que jamais, au cœur de l’actualité et des débats de fond. Nouant de nouveaux partenariats et développant son poids sur la scène internationale, la sécurité civile sera encore au cœur des discussions qui se poursuivront dans les prochains mois avec de nombreux rendez-vous internationaux au second semestre 2015. Mais avant cela, les grandes questions du moment seront débattues début juillet lors de la prochaine réunion du COFIS dont beaucoup attendent des réponses et des actes, puis lors d’une réunion qui rassemblera notamment le ministre de l’Intérieur et Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. Le prochain salon INTERSCHUTZ se tiendra en 2020 du 15 au 20 Juin.