Menace terroriste : la Police adapte ses techniques d’intervention

L’importance du rôle des primo-intervenants exige une adaptation des conduites à tenir face à de telles situations.

 

Faire face aux nouvelles menaces terroristes

Les attentats ayant frappé la France en 2015 ont révélé un mode d’action des terroristes inédit; tuerie de masse, usage de ceintures explosives, volonté de mourir en action sans réelle négociation.
L’importance du rôle des primo-intervenants exige une adaptation des conduites à tenir face à de telles situations.

Faire face à une nouvelle menace

La direction générale de la police nationale a mené des travaux qui ont abouti à la rédaction de trois fiches techniques.
En rupture avec les pratiques mises en œuvre jusque-là, au sein de la Police nationale, ces fiches préconisent une action des premiers intervenantssans attendre l’arrivée de policiers spécialistes de l’intervention. Il s’agit, en effet, de sauver des vies en déstabilisant le schéma d’action des agresseurs par l’action des policiers. Cette action policière repose sur l’adaptabilité des policiers, sur leur capacité de discernement et un total engagement des échelons hiérarchiques pour conduire les missions opérationnelles.
    1. La première fiche détermine le schéma tactique de base d’intervention des unités primo-intervenantes. Elle organise la réponse graduée des services de police pour faire face à une crise majeure. Plusieurs échelons d’intervention sont ainsi définis permettant de construire un dispositif tactique coordonné entre les primo-intervenants (telles que les BAC) et les équipes d’intervention (BRI – RAID).
    1. La deuxième fiche présente la conduite à tenir face à un individu porteur d’un engin explosif.
    1. La dernière expose les modalités de prévention d’un « sur-attentat ».

Exercice grandeur nature

Afin de donner corps à ces nouveaux principes, la direction départementale de la sécurité publique des Yvelines a organisé, le mercredi 3 février 2016, en présence de Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, un exercice d’attaque terroriste grandeur nature sur la vaste base militaire de Beynes. L’ensemble des services opérationnels du département étaient réunis pour cette journée de sensibilisation et de mise en situation.

La matinée a été consacrée aux aspects théoriques de ces nouvelles méthodes d’intervention et à une présentation des nouveaux matériels de protection et d’armement.Dès 14H00, tous les participants se sont mis en place pour exécuter le scénario de l’attaque terroriste simulée.

Le vent froid et la pluie ne les découragent pas, ils sont tous en place et attendent le début de l’exercice.

Le Centre d’Information et de Commandement (CIC) reçoit, au 17, l’appel d’un particulier qui signale avoir vu un individu armé devant une école confessionnelle et qui menace de faire un carnage.

Arrivée des premiers intervenants

Aussitôt, un équipage de Police-Secours, constitué de 4 policiers équipés des matériels de protection balistique, est envoyé sur les lieux.
Arrivés sur place, ils constatent que le terroriste a fait usage de son armeà l’encontre d’une passante et que plusieurs autres personnes, dans la rue, sont réfugiées derrière des voitures en stationnement. Suivant les consignes des nouvelles fiches d’action, les policiers se mettent à couvert, tiennent en joue le suspect et évaluent sa dangerosité. Ils doivent le figer en attente de renforts.

Les autres équipages

Exercice d'attaque terroriste
Les policiers intervenants connaissent leur rôle respectif et les modes d’action. Ainsi, un Commandant des Opérations de Police (COP) est désigné par le CIC. Sa mission principale est de prendre en charge le commandement et la coordination de l’ensemble du dispositif et d’informer, en temps réel, via ses moyens radios, l’État-major départemental.
A cet instant, au vu de la situation, la tension nerveuse des intervenants est soumise à rude épreuve. Pourtant, le schéma tactique mis en place est bien rodé et permet de réagir avec sang-froid et professionnalisme.

Évacuation des victimes

Exercice d'attaque terroriste
Les policiers conservent, à tout moment, l’individu dans leur ligne de mire et parviennent à lui faire déposer son arme. Dans le même temps, les badauds et la blessée sont évacués, en toute sécurité.
Les victimes sont dirigées vers la « zone contrôlée » pour éviter de les exposer à un sur-attentat .
Ensuite, les victimes sont conduites dans une « zone de soutien » pour être prises en charge. Cette zone est la plus éloignée du point de danger et permet le positionnement du poste de commandement et du poste médical avancé.

Interpellation du terroriste

Exercice d'attaque terroriste
Désormais, le terroriste est isolé. Toutefois, il reste porteur d’un engin explosif. La nouvelle doctrine d’intervention préconise, dans ce cas, et si l’individu est sur le point de déclencher la charge, de le neutraliser.
Pour notre exercice, le terroriste s’est finalement plié aux injonctions des policiers. Il remet son engin explosif au service du déminage. Les démineursfont appel à un robot téléguidé permettant  d’intervenir, en toute sécurité, à distance du terroriste.
Dès lors que tout danger est écarté, les policiers procèdent à l’interpellation de l’individu.

Il est 15h00, la démonstration prend fin.

Cet exercice de simulation d’une attaque terroriste de grande ampleur a permis, aux policiers participants, de mieux appréhender les nouveaux modes d’action, définis par le directeur général de la police nationale, afin d’être en mesure de répondre efficacement en cas de nouvelle attaque.

Source : police nationale